“La diplomatie est aussi l’art de reporter les décisions jusqu’à ce que les problèmes se résolvent d’eux-mêmes.” disait Paulo Coelho.

C’est en s’inspirant de cette illustration que Mahamat Idriss Déby ITNO Président de Transition a déjoué les plans de Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l’Union africaine. D’autant plus que la guerre entre les deux hommes est un secret de polichinelle depuis plusieurs mois.

“La diplomatie est aussi l’art de reporter les décisions jusqu’à ce que les problèmes se résolvent d’eux-mêmes.” disait Paulo Coelho.

Faki-Kaka, la guerre dans la grande cour du pouvoir

Depuis la mort de Déby père et la désignation de son fils à la tête de la transition, la guerre pour le leadership est déclarée parmi les caciques du pays.

Longtemps conduite dans l’ombre, la lutte entre les deux hommes est rendue public par le Président de la Commission de l’Union Africaine lors de son discours à l’ouverture du Dialogue National Inclusif et Souverain. Moussa Faki Mahamat, diplomate chevronné ayant fait ses preuves, ses classes avec le défunt Maréchal Deby a en effet, ce jour là non seulement fustigé la gestion du pays mais aussi mis en garde le jeune général pour toute ambition post-transition.

Se mettant dans une double casquette de fils du pays et chef de l’organisation continentale, le diplomate a choqué plus d’un observateur à travers des mots bien aiguisés, bien choisis pour dénoncer l’échec de ses anciens amis.

Le chef de la commission de l’UA mettant en exergue ses menaces a tout d’abord, condamné la première proposition du DNIS qui prolongeait la transition de deux ans avec toujours Mahamat Idriss Déby comme président. Ceci avant même, la fin des travaux du Dialogue National Inclusif et Souverain.

Moussa Faki coincé entre diriger l’Union Africaine et mettre de l’ordre dans son pays

Sentant la menace venir, le président de transition a cherché à contrecarrer tout plan imprévu.

L’exception tchadienne de la transition et la non sanction en 2021, était déjà décriée par beaucoup d’observateurs surtout ceux des pays ayant eu de changement anticonstitutionnel comme le Mali, le Burkina Faso, La Guinée ou le Soudan.

Pour beaucoup, l’organisation continentale ne devrait aucunement faire des exceptions quand à ces règles établies au risque qu’elle ne deviennent une jurisprudence.

Pour le gouvernement tchadien, contrecarrer les plans de Moussa Faki Mahamat passait par la jurisprudence établie déjà par l’UA et les décisions prises par le DNI qui ont été décrétées souveraines et exécutoires. 

La junte au pouvoir joue ses cartes diplomatiques

Si convaincre les tchadiens de la prolongation de la Transition était facile, le faire avec les pays partenaires et l’organisation continentale n’était pas acquis. Pour réussir ce pari et surtout après les événements du 20 octobre 2022, il était plus rude et plus difficile.

Même si la position géographique du pays où plusieurs régimes autocratiques et dynastiques rendaient les choses moins difficiles surtout au sein de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC).

Chose faite facilement après un déplacement à Kinshasa en République Démocratique du Congo par le Président de Transition lors du sommet du CEEAC du 25 octobre 2022 où l’organisation a soutenu la prolongation de la Transition et les résolutions du DNIS.

Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine dernier espoir pour Deby fils

En effet, l’organisme de l’UA chargé de sanctionner le pays est constitué de plusieurs pays ayant des objectifs et régimes aux ambitions différentes. Réussir à convaincre était difficile d’autant plus que plusieurs diplomates chevronnés surtout les plus connus n’étaient pas en poste ( Moussa Faki Mahamat à la tête de l’UA, Cherif Mahamat Zene démissionnaire, Brahim Hissein Taha parti à l’organisation de la Coopération Islamique, Mahamat Saleh Annadif nouvellement rappelé au pays, Amine Abba Sidick au chômage).

Pour faire blocage des plans de Moussa Faki Mahamat, il était judicieux de convaincre le Conseil de Paix et Sécurité. Chose qui n’est pas facile quand, nous savons que plusieurs pays africains étaient contre l’exception faite au Tchad en Mai 2021.

Mission difficile mais pas impossible quand on connaît la diplomatie et ses zones d’ombres

Ayant écho de la situation qui prévaut au prochaines réunions du Conseil de paix et de sécurité (CPS du 11 novembre), le Président de la Transition a dépêché plusieurs missions diplomatiques de haut niveau pour plaider de la nécessité de ne pas sanctionner le Tchad.

Pour le Président de Transition, les voix de l’Afrique Centrale représentées au sein du CPS par le Cameroun, le Congo ainsi que le Burundi étaient déjà acquises.

De l’autre côté du Lac Tchad, un poids lourd du continent en l’occurrence le Nigeria était déjà de son côté puisque le président Buhari a assisté à l’investiture du 10 octobre dernier à N’Djaména 2022.

4 voix sur 15 n’étaient rien, ainsi, plusieurs ministres et hauts fonctionnaires de renommés, aux carnets d’adresses «bien garnis» ont été dépêchés pour convaincre les pays membres restant de l’actuel Conseil de Paix et de Sécurité de la situation exceptionnelle du Tchad.

Pour réussir cette mission, les ministres devaient convaincre les pays comme le Sénégal, le Ghana, la Gambie, la Tunisie, le Maroc, la Tanzanie et la Djibouti de la réussite des travaux du Dialogue National Inclusif et Souverain et des résolutions adoptées.

Attirer l’attention des partenaires par la mise en place d’un Gouvernement de transition

Il était impératif pour le président de transition Déby fils d’informer les leaders de ces pays de la nomination d’un nouveau gouvernement plus large avec un opposant à sa tête en la personne de Saleh Kebzabo.

L’accord de paix de Doha dont l’organisation continentale est l’une des garantes et le soutien des politico-militaires débouche en faveur de la prolongation de la Transition.

En outre, la question sécuritaire n’est pas occultée par la délégation gouvernementale, la position géographique du pays, la menace terroriste, la géopolitique régionale, dont la montée en puissance de la Russie et la multiplication des groupes, activistes anti-France et autres problèmes qui pourraient rendre le pays instable en cas des sanctions.

Ainsi, mi-octobre, les hauts fonctionnaires avec un mot d’ordre commun, bien défini ont sillonné les capitales de ces pays afin de convaincre les présidents de la nécessité de soutenir la transition en cours pour ne pas se retrouver en face d’une nouvelle Libye.

Il était question aussi d’expliquer la position ambiguë de Moussa Faki Mahamat qui est un fils du pays.

En mettant en avant, les ambitions personnelles du président de la Commission de l’Union Africaine Moussa Faki Mahamat, le gouvernement cherche à déjouer tout plan de menace.

Pour réussir ceux-ci, il était simple pour le gouvernement d’expliquer aux leaders de ces pays le personnage de Moussa Faki Mahamat.

Usant de sa posture Debyste, le chef de l’UA n’a pris rarement partie contre le Tchad depuis le début de son mandat en 2017, alors que depuis cette date plusieurs événements violent la charte de l’organisation se sont déroulés dans le pays.

Son appartenance à l’ancien parti au pouvoir, le Mouvement Patriotique du Salut et son désir de diriger le pays après l’Union africaine et bien d’autres sujets préoccupent les observateurs avertis.

Une diplomatie de l’ombre, qui aurait convaincue les 12 des 15 délégués du Conseil de Paix et de Sécurité à soutenir Déby fils face à Faki dans le premier round d’un match qui n’a pas fini encore.

Si le Président de la Transition Mahamat Idriss Déby a gagné ce round, Moussa Faki ne baisse pas les bras puisqu’il a obtenu des délégués de mettre le Tchad à l’ordre du jour lors de la prochaine réunion du Conseil de Paix et Sécurité.

Un combat entre les deux hommes qui s’annonce épique durant les 24 prochains mois quand on sait que le mandat de Faki à la tête de l’UA finira au même moment que la période actuelle de la transition au Tchad.

Cependant, sur le terrain face à une ancienne classe politique tchadienne vieillissante et épuisée, des voix s’élèvent pour demander le changement alors qu’après les évènements douloureux du 20 Octobre, un climat de méfiance s’installe peu à peu au sein de la sphère décisionnelle.

Toumaï Web Médias, Tahamouko

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