Le chef de l’État français doit présider ce 14 novembre un conseil de défense exclusivement consacré à l’Afrique. L’avenir de la présence militaire sur le continent sera au cœur des discussions alors que le coup d’État au Niger a quelque peu poussé l’Élysée à revoir ses projets initiaux.

Entre la guerre à Gaza et en Ukraine, Emmanuel Macron convoque ce 14 novembre un conseil de défense à l’Élysée consacré à l’Afrique. Ce dernier réunira notamment autour du président français les ministres Sébastien Lecornu (armées), Catherine Colonna (affaires étrangères) mais également le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, ainsi que le patron de la DGSEBernard Émié.

Au menu des discussions, figurera la « réarticulation » du dispositif militaire français. Annoncée par Emmanuel Macron à la fin du mois de février (AI du 24/02/23), celle-ci devait théoriquement être officialisée avant la fin de l’année 2023. Le coup d’État au Niger du 26 juillet a néanmoins rebattu les cartes. Les 1 500 militaires déployés dans le pays n’étaient initialement pas concernés par les manœuvres en cours, qui devaient prioritairement se concentrer sur les bases permanentes d’Abidjan, Dakar, Libreville, et dans une moindre mesure N’Djamena. Mais le putsch du général Abdourahamane Tchiani a finalement contraint Paris à entamer le départ précipité de l’ensemble de ses troupes du pays début octobre (AI du 06/09/23).

Départ du Niger

Ce retrait, opéré depuis plus d’un mois, sera au cœur du conseil de défense de ce 14 novembre. Après de premières semaines sans accroc majeur, les discussions relatives au départ des militaires se sont tendues ces derniers jours entre Paris et la junte nigérienne (AI du 01/11/23). Cette dernière a multiplié les entraves administratives, plus particulièrement sur les autorisations sollicitées par l’armée française. Elle a notamment refusé l’envoi, depuis l’Hexagone, d’un contingent de militaires logisticiens pour démonter et rapatrier certains équipements.

Il reste à ce jour un peu moins de 500 militaires français au Niger, principalement assignés à des fonctions dites de « support ». Les composantes aériennes (hélicoptères, avions, drones, etc.) ont quitté le pays au mois d’octobre, tout comme les forces spéciales. Si Paris se montrait confiant pour un retrait total de ses hommes d’ici au 1er janvier, les difficultés en cours avec la junte pourraient retarder le calendrier et le laisser glisser sur le début de l’année 2024.

Réduction des effectifs

Outre les aspects logistiques, le coup d’État au Niger est également venu percuter de plein fouet la philosophie même de la « réarticulation » voulue par le chef de l’État français. Le Niger était en effet devenu le principal laboratoire de cette nouvelle stratégie portée sur une présence moins visible et avec des militaires directement détachés au sein des armées locales (AI du 09/05/23). Une expérience qui avait vocation à inspirer les réflexions en cours concernant les contingents français déployés ailleurs sur le continent. Or le coup d’État a fait apparaître au grand jour les limites du modèle de coopération nigérien, et tout particulièrement des dangers d’une telle exposition pour les militaires français.

Le putsch à Niamey est donc venu complexifier l’équation : lors de son annonce du mois de février, le président français avait fait la part belle à la « cogestion » des bases. Pour autant, et malgré la persistance de réticences, l’Élysée souhaite toujours réduire le nombre de ses militaires présents dans ses bases d’Abidjan, Libreville et Dakar. Concernant cette dernière, l’armée française a d’ores et déjà réduit ses effectifs (AI du 19/10/23). Dans le cadre de ces discussions, Emmanuel Macron doit rencontrer à l’Élysée le président ivoirien, Alassane Ouattara, autour du 24 novembre : les 900 militaires des Forces françaises de Côte d’Ivoire (FFCI) sont parmi les premiers concernés par les projets en cours (AI du 30/10/23).

Envoyé spécial pour le Sahel

La situation nigérienne a par ailleurs suscité des effets de bord sur les réflexions concernant le Tchad. Alors qu’Emmanuel Macron avait un temps privilégié le scénario d’un allégement massif du dispositif militaire à N’Djamena, le coup d’État au Niger oblige l’Élysée à explorer de nouvelles pistes. Compte tenu du refus de la junte nigérienne à ce que Paris opère son retrait via le Bénin, le Tchad constitue désormais le principal hub du retrait militaire français du Niger. Dans ce cadre, Emmanuel Macron a reçu le président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby, le 18 octobre.

Paris a procédé mi-septembre à la nomination d’un nouvel envoyé spécial pour le Sahel en la personne du diplomate Bertrand Cochery. Initialement proposé pour devenir ambassadeur de France à Ouagadougou, au Burkina Faso, ce dernier n’a jamais reçu l’assentiment de la junte burkinabè dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré. Il succède à Frédéric Bontems, nommé ambassadeur de France à l’île Maurice.

Le chef de l’État français prend par ailleurs tout son temps pour désigner son nouveau « M. Afrique », poste vacant depuis le départ de Franck Paris au mois de juillet. Un temps pressenti, la candidature de l’actuel chargé d’affaires français à Bamako, Marc Didio, a finalement été rejetée par Emmanuel Macron. En attendant la désignation d’un conseiller chargé du continent, l’intérim est assuré depuis le mois de septembre par un duo composé de Nadège Chouat et de Thomas Rossignol (AI du 22/09/23).

Tchadanthropus-tribune avec Africa Intelligence

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