Les violences sans précédentes survenues au lendemain de la participation de Mahamadou Issoufou à la marche historique du 11 janvier à Paris illustrent les carences de l’appareil sécuritaire du président nigérien.

 

Les émeutes du 16 janvier à Zinder, seconde ville du Niger, puis, le lendemain, à Niamey ont mis à nu l’extrême fragilité du dispositif sécuritaire et de renseignement du président Mahamadou Issoufou. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, de vifs débats ont opposé, au palais présidentiel, les partisans d’une ligne dure emmenée par le puissant ministre de l’intérieur, Massaoudou Hassoumi, à ceux prônant la négociation, comme le très conciliant chef du gouvernement Brigi Rafini, dont le rôle se limite, depuis plusieurs mois, à la gestion des affaires courantes. Dans cette lutte, le premier groupe l’a emporté. De fait, le discours radiotélévisé que le chef de l’Etat nigérien devait prononcer dans l’après-midi, le 17 janvier, est finalement intervenu dans la soirée, après avoir été vidé de ses formules d’apaisement, comme un "appel à l’unité nationale" adressé aux leaders de l’opposition parlementaire. 

Pour s’assurer du soutien de l’armée, Mahamadou Issoufou a par ailleurs promu une dizaine d’officiers suite à ces émeutes ayant fait dix morts. Parmi les nouveaux officiers "cadeautés", le chef d’état-major général Seyni Garba a été bombardé général de corps d’armée. Le chef d’état-major particulier du président de la République, le colonel-major Ibrahim Waly Karingama, a été nommé général de brigade. Quant au patron des services de renseignement, le colonel de gendarmerie Lawal Chékou Koré, il a été propulsé général de division. Un moment envisagé, la proclamation de l’état d’urgence a été, selon nos informations, finalement écartée. Une telle mesure revenait à mettre l’armée aux avant-postes de la crise, ce à quoi le président nigérien s’est opposé, certaines unités étant soupçonnées de proximité avec l’opposition, notamment avec l’ex-président de l’Assemblée nationale Hama Amadou, en exil depuis plusieurs mois en France.

 

La Lettre du Continent.

 

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