La diplomatie russe soigne ses relations avec l’Organisation internationale de protection civile (OIPC), dont les Etats membres s’apprêtent à se réunir exceptionnellement à Abidjan en septembre.

L’Organisation internationale de protection civile (OIPC) réunira en septembre prochain son conseil exécutif à Abidjan et non à son siège genevois, comme il en est pourtant de coutume. Une manière pour l’OIPC de choyer les 28 pays africains membres de l’organisation née il y a quatre-vingt-dix ans afin d’appuyer les Etats dans l’assistance aux populations lors de catastrophes. Activement soutenue par Moscou qui en est le principal bailleur, l’OIPC est depuis plusieurs années activement courtisée par la Russie qui tente d’en faire instrument de sa diplomatie d’influence sur le continent.

Une diplomate camerounaise à la tête de l’OIPC

A l’automne, Moscou avait ainsi activement soutenu une candidature africaine : celle de la Camerounaise Mariatou Yap élue en octobre à la tête de l’organisation face à la candidature du général libanais Raymond Khattar. Rare diplomate camerounaise à prendre la tête d’une organisation internationale, Mariatou Yap est une proche du ministre de l’Administration du territoire Paul Atanga Nji, auprès duquel elle a travaillé plus de vingt ans.

Depuis son élection, elle s’est rendue en Russie à plusieurs reprises et ne tarit pas d’éloges lorsqu’il s’agit d’évoquer le rôle « stratégique » du pays sur le continent africain. Elle est notamment en contact étroit avec le ministre russe de la sécurité civile, le général Yevgeny Nikolayevich Zinichev, qu’elle a rencontré lors de l’Exposition internationale de la sécurité intégrée 2021, qui s’est tenue à Moscou du 11 au 16 mai dernier. Un événement durant lequel la diplomatie russe n’a cessé de mettre l’OIPC à l’honneur. Dans le cadre du mandat de Yap, plusieurs nouveaux partenariats entre l’organisation et des capitales africaines sont à l’étude, notamment au Cameroun.

Des pouvoirs réduits pour la nouvelle secrétaire générale

Preuve du poids de Moscou au sein de l’organisation internationale : le prédécesseur de Mariatou Yap, Vladimir Kuvshinov, était lui-même russe. Il avait été lâché en 2018 par Moscou au terme d’une violente guerre intestine avec son adjoint, Andrei Kudinov – également de nationalité russe -, toujours en poste et qui appuie depuis cet automne la nouvelle secrétaire générale. Le conseil exécutif de l’OIPC, présidé par le ministre kirghiz de l’action humanitaire, Boobek Ajikeev, a néanmoins pris garde d’augmenter les prérogatives de ce dernier avant la nomination de Mariatou Yap, notamment dans la gestion financière et des ressources humaines de l’organisation.

Déjà en 2019, une longue enquête de la radio suisse RTS faisait état des liens privilégiés de l’OIPC avec la Russie. Elle y révélait que les décisions stratégiques concernant l’OIPC étaient prises non à Genève, mais par le ministère russe de la sécurité civile.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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