J’ai rencontré un ancien camarade de classe, que j’avais perdu de vue depuis environ 30 ans, depuis le Bac donc.

C’était dans le hall d’un grand hôtel, quelque part dans la ville, Il avait l’air simple. Il portait une modeste tenue chemise et pantalon cousus dans le même pagne, et des sandalettes en cuir.

Il s’était approché de moi et était très heureux de me revoir. Son apparence m’avait laissé perplexe et je ne pouvais pas le cacher.

J’éprouvai un mélange de pitié et de désolation à son endroit. Nous échangeâmes nos coordonnées immédiatement. J’avais pu voir la joie en lui pendant qu’il prenait les miens. Plus je voyais son bonheur de m’avoir retrouvé, plus je ressentais de la pitié pour lui. Et je dis doucement, pour éviter de le blesser : le pauvre !

Nous étions tous deux venus à une conférence sur les investissements porteurs du futur. Moi, je représentais mon service où j’étais le Responsable du Marketing.

Quand je lui posai la question, il me dit qu’il était là par simple curiosité, mais aussi il espérait que cela le déstresserait un peu.

A la fin de la conférence, je lui demandai de me raccompagner jusqu’à ma toute nouvelle Range Rover chromée, en la lui montrant. Je proposai de le déposer où il voulait, mais il s’excusa avec obséquiosité vu qu’il avait déjà sa propre voiture, une vieille Honda Accord 2001.

Le lendemain, je l’invitai à déjeuner chez moi. Une partie de moi voulait l’impressionner, pour lui montrer mon succès et ma richesse, tandis que l’autre était de vouloir l’aider, Il fut impressionné par ma maison et me répétait tout le temps qu’il était fier de ce que j’étais devenu.

En fait, quand il voyait un ancien du lycée qui s’en était sorti, sa fierté pour ce dernier et le bonheur qu’il éprouvait était sans égal. J’avais contracté une hypothèque lourde pour acheter cette maison.

La banque devrait me couper pendant 25 ans pour amortir le coût. En réalité, j’étais lourdement endetté. Nous avions déjeuné copieusement. Sa satisfaction se voyait de loin.

Il m’apprit qu’il aimait les petites entreprises et particulièrement l’immobilier.

J’évoquais plus de discussions commerciales, mais il ne semblait pas trop intéressé. Je lui demandai comment je pouvais l’aider. Il me signifia qu’il allait bien. Je lui demandai même si je pouvais l’aider à obtenir des prêts … Il me regarda et sourit. Au moment de nous quitter, il m’invita également chez lui. Sa vieille voiture vint le récupérer.

J’étais reconnaissant à DIEU pour ce que j’avais. « Les doigts de la main ne sont pas tous égaux », m’étais-je dit. J’avais eu la chance de travailler dans une grande entreprise.

Deux semaines plus tard, nous allâmes chez lui, ma femme et moi. Cela n’enchantait pas trop mon épouse de quitter son quartier huppé pour se retrouver dans une cité populeuse. Néanmoins, elle « fit bon cœur, mauvaise fortune ». Elle hésitait à y aller parce qu’elle n’était pas impressionnée par le statut de l’homme quant à la nécessité de lui rendre visite dans sa maison.

Mais vu que nous étions des amis vraiment très proches au collège. Sa résidence se trouvait dans un vaste domaine. Ceux qui nous y conduisirent prononçaient son nom avec déférence. Un homme indigent, au grand cœur, vivant en sous-location dans ce domaine, pensâmes-nous ?

C’était une maison simple mais charmante. Un bungalow de 4 chambres. Nous vîmes quatre voitures stationnées devant. Nous entrâmes chez lui. C’était tout simplement élégant avec une touche de classe à l’intérieur. Il nous accueillit chaleureusement. Le déjeuner fut bien servi et pas mal du tout. Sa femme était très belle, mais trop simplement habillée, sans maquillage.

Pendant le déjeuner, il posa des questions sur mon DG. Et par la suite Il m’apprit qu’ils étaient amis. je vis un cadeau d’une entreprise sur l’une de ses tables à proximité. Cette entreprise détenait environ 58% du capital de celle dans laquelle je travaillais. Puis, je vis un diplôme de la meilleure directrice d’entreprise bancaire. C’était sa femme.

Elle était la Directrice Générale de la banque qui gérait notre entreprise. C’était aussi là qu’étaient domiciliés tous mes comptes. Je lus le nom sur ce diplôme, c’était le même nom que sur mes dossiers d’hypothèque.

Je l’interrogeai sur l’entreprise. Il me sourit, puis me répondit qu’il en était le propriétaire. Il était également propriétaire du domaine.

Je l’appelai tout à coup « Monsieur » sans m’en rendre compte… J’étais très impressionné par lui.

J’avais appris une leçon d’humilité, une grande : les apparences sont trompeuses. Il remarqua mon inconfort. Aussitôt, il me rassura : il était vraiment très fier de moi.

En rentrant chez moi, j’étais très calme. Ma femme se sentait humiliée et extrêmement calme. Je pouvais percevoir les pensées dans son esprit : vivre avec des prêts, des prêts lourds et m’exhiber pendant que quelqu’un qui paie mon salaire est modeste et mène une vie simple !

Des rivières plus profondes coulent dans un silence majestueux ! Celui qui possède un pain est gonflé d’orgueil et écrase ses semblables, tandis que le propriétaire de la boulangerie respecte et honore les indigents.

Veillons réajuster notre perception des autres et de la vie.

Lu quelque part pour vous

Bonne Journée !

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