Invraisemblables, nous avons accepté de regagner le bercail par un accord qui a l’air d’un piège. Contacter par un certain Moussa Markhouss à la lisière des frontières Tchad-Centrafrique, nos chefs ont accepté de rencontrer ce dernier et de regagner immédiatement le bercail. Telle est l’intitulé de la correspondance envoyé à la rédaction.

Nous étions à presque 250 combattants avec nos chefs hiérarchiques. Avec le récul nécessaire, on voit que l’accord contracté est un accord sans garantie, mal ficelé à notre sens, et perçu ici par l’ensemble des hommes comme un piège tendu par cet agent (Moussa Markhouss) de service des renseignements militaires du régime MPS.

Très rapidement nous étions transférés au centre d’instruction de Moussoro, et pour tout vous dire, depuis notre transfèrement dans cette localité, personne ne s’est intéressé de nous, moins encore cet agent par qui nous étions conduit là, ni les personnes qui étaient censés s’occuper de notre dossier.

Les combattants souffrent énormément, certains sont malades et ils n’ont rien à mettre sous la dent. C’est pourquoi avec quelques personnes, nous avons déserté le camp pour aller en Libye. Par ces faits, nous transmettons un message pour tous ceux qui pensent négocier avec le régime d’Idriss Deby ITNO. Ne soyez pas naïfs, voilà ce qui vous attend. À Moussoro le spectacle est à son comble. Des combattants sont obligés d’aller en ville faire la manche pour pouvoir se nourrir, la semaine dernière notre seule dotation alimentaire était des sacs de mil. Le mil penicillaire que chaque tchadien connaît. On le trempe dans de l’eau avant de pouvoir le manger.

Nous demandons aux bonnes volontés d’aider ces gens qui meurent de faim, ces images qu’on a envoyé pour publication sont celles de mes compagnons dans le centre à Moussoro. Voilà l’exemple en interne de l’armée la plus redoutée de notre continent. Il y a dans les traitements un poids et deux mesures.

Pourtant d’après nos informations, Moussa Markhouss a eu un budget conséquent avant sa transhumance communautaire rasant la frontière tchado/Centrafricaine pour aller chercher des chairs à canon. Il a usé et abusé de mensonges et truffes pour recruter des éléments sur une base communautaire. Moussa Markhouss a tiré sa révérence en se mettant plein les poches. Les combattants qui cherchent à le contacter sont zappés, il ne les prend pas au téléphone et évite de venir les voir. La fissure s’est installée pleinement. Que nos compatriotes grugés bouffent du mil penicillaire poché dans l’eau, rien ne le déconcerte comme le démontrent ces images qui font mal au coeur. Nous on a pu fuir pour sauver notre peau, mais nos frères qui sont restés derrière vont souffrir de la malnutrition, et pourtant on dit qu’ils sont à la charge de l’état.

Correspondance depuis Gahtroun

Tchadanthropus-tribune

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