L’assassinat des frères Ngardoum a choqué l’opinion nationale qui constate que le régime Deby est incapable de protéger les citoyens contre les crimes odieux qui remplissent son pouvoir. A Ndjaména, les spéculations vont bon train sur les circonstances réelles ou supposées et les causes probables de ce double meurtre. Les hypothèses fusent de partout mais convergent presque toutes vers le coupable par défaut : le régime Deby.


Christian Ngardoum
 est un haut cadre de banque, il a été Directeur nationale de la BEAC de Ndjaména. Ses connaissances le présentent comme un homme compétent, sociable, courtois et généreux, on ne lui connaissait pas de problème particulier avec le régime MPS, bien au contraire. Son assassinat intervenu en Malaisie où il venait juste de déposer ses valises, est pour le moins intrigant. Un homme frappe à la porte de sa chambre d’hôtel, Christian ouvre et se retrouve face à un homme muni d’une arme blanche qui le poignarde à mort. Telle est la version du crime largement diffusée. L’assassin n’a pu être interpelé et d’après les dernières nouvelles, la police malaisienne le recherche toujours. L’assistance de l’Ambassade du Tchad en Chine qui coiffe aussi la Malaisie est vertement critiquée par la petite colonie tchadienne de Malaisie. Il faut dire que cette situation de non-assistance est devenue chronique, la diaspora se retrouve ainsi doublement peinée à chaque fois que la mort frappe en son sein. Les représentations diplomatiques n’assurent rien et tout retombe sur les épaules de la famille et des amis du disparu.


Si le meurtre de Christian Ngardoum en Malaisie se présente comme un crime crapuleux à élucider, l’exécution dès le lendemain à Ndjaména de son frère Mass Ngardoum, Notaire de son état, par deux individus à bord d’une moto, a soulevé, comme d’habitude, une vague d’indignations et d’interrogations parmi les populations. Les deux assassins seront appréhendés quelques jours plus tard par la police. On apprendra d’eux seulement qu’ils sont d’ethnie Zaghawa mais rien sur le mobile et le ou les commanditaires du crime.  


Deux frères, l’un Banquier et l’autre Notaire, assassinés presque simultanément par des individus qui se seraient proches du pouvoir. Là, forcément il y a anguille sous roche. Que faut-il donc comprendre et en déduire de ce double meurtre ? Quel deal lierait les frères Ngardoum à certains hommes forts du régime Deby ? Christian et Mass Ngardoum travaillaient-ils pour les barons du régime MPS ? Que s’est-il passé de si grave pour virer au drame ?
 L’affaire est digne d’un film policier.


D’après des informations fiables, Christian aurait dit à plusieurs personnes dont des parents et amis, qu’il ne se sentait pas en sécurité à Ndjaména et cherchait même à quitter le pays pour s’exiler. Mais il se savait surveiller par l’ANS. Les raisons de cette subite menace sur sa personne ne sont pas encore connues. Etant converti à l’islam et rebaptisé Ousmane Christian Ngardoum, il profita du petit pèlerinage appelé communément Oumra pour se rendre en Arabie Saoudite. Après ce périple religieux de quelques jours, il se rendra directement en Malaisie où il sera tué. Christian a-t-il été suivi et éliminé ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il est allé faire en Malaisie ?


De certains commentaires et recoupements, il ressort que les deux frères Ngardoum s’occuperaient à travers des sociétés d’écran à placer dans des paradis fiscaux les sommes faramineuses détournées par certains hommes haut placés du régime MPS. Le Notaire s’occuperait de la création de ces entreprises fictives pour leur donner une existence légale. Tandis que le Banquier, il se charge d’assurer des transactions financières simulatrices d’activités commerçantes créatrices de richesses et surtout de créditer des comptes bancaires ouverts au nom de particuliers à l’étranger et notamment en Malaisie, dans les pays du dragon, les pays arabes, en Afrique du Sud, etc. où la traque des biens mal acquis serait plus fastidieuse qu’en Occident ou aux Etats Unis. Il est évident que de tels services soient rémunérés par des commissions discutées et acceptées d’avance. Chaque partie doit ensuite jouer pleinement sa partition dans la discrétion et le strict respect des règles du jeu. Mais comme vous le savez, dans une telle entreprise, le risque est très élevé et les conséquences sont souvent dramatiques.


Dans le cas d’espèces, il est difficile de dire qui autait rompu le pacte. Les cas possibles qui conduisent au crash sont généralement de deux ordres :


Elimination de témoin gênant
 : c’est le motif le plus répandu. Face au risque d’un éventuel changement de régime et donc de traque de personnes qui se sont illicitement enrichies, Dieu sait combien il y en a avec ce régime, la confiance qui a prévalu jusque-là ne tient plus.  Surtout quand les transactions ont atteint des sommets.

 


L’une des deux parties n’a pas respecté le pacte et a cherché à flouer l’autre
. Soit les frères Ngardoum ont procédé au détournement pour leur propre compte d’une bonne partie de l’argent public volé tout en produisant de faux documents bancaires à leurs clients haut placé dans la sphère du régime Deby. Soit ce sont ces derniers qui ont refusé d’honorer les commissions dues aux frères Ngardoum d’où le clash et la fin du deal. La confiance s’évapore à la minute.   


Dans les deux cas, nous avons assisté à une fin tragique qui a couté la vie aux deux frères Ngardoum. Les enquêtes criminelles au Tchad sont celles que vous connaissez, menées par des hommes proches du régime qui contrôlent et orientent les enquêtes selon leurs intérêts intrinsectes. Nous n’attendons pratiquement rien de la police judiciaire. La vérité triomphera lorsque chacun d’entre nous dit ce qu’il sait sur ce double crime odieux. Il est aussi malheureux de constater que cet horrible crime soit perçu sous un angle sectaire. On a même lu quelque part que « les sudistes se révoltent » contre Deby.


En définitif, il y a lieu de s’inquiéter sérieusement de ce double crime crapuleux car nul n’ignore que beaucoup de Cadres Tchadiens ont bassement mis leurs compétences au service de ceux qui depuis leur prise de pouvoir au Tchad en 1990 n’avaient d’autres objectifs que de piller les deniers publics, de s’enrichir par tous moyens voire mafieux ou criminels et au détriment peuple soumis du Tchad.
   

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