Qui a dit que les premières dames sont les premiers drames de leur mari ? Diderot n’a-t-il pas dit : » l’ennemi le plus dangereux d’un souverain, c’est sa femme, si elle sait faire autre chose que des enfants. » Leurs pratiques inconsidérées ont souvent contribué à leur chute. Et si au sujet de Hinda Deby, pardon Hinda Trabelsi, nous n’étions pas si éloigné de la vérité ?

En effet, il y a des signes qui ne trompent pas. Qu’elle soit la coqueluche de son mari, c’est une affaire de couple. Mais qu’un décret, autrement dit une loi de la République, précise que c’est elle la première dame et nulle autre, c’est une question d’Etat. Plusieurs Chefs d’Etat africains sont polygames. L’exemple patent est celui de Jacob Zuma, Président de l’Afrique du Sud. Mais l’ordre de préférence de leurs épouses n’est pas du domaine de la préséance politique. Comme tout est banalisé au Tchad, personne n’a remarqué que Hinda avait mis le pied sur la première marche d’un escalier dont on ne saurait où il conduit ?

Elle était déjà par décret secrétaire particulière du Président. Comme si étant la première dame et la préférée, elle n’était pas celle qui souffle le dernier mot à l’oreille de son mari de Président ? Elle est de fait co-président car ne dit-on pas qu’en Afrique « même le chien du roi est roi » ! Femme du Chef de l’Etat, première dame et secrétaire particulière, Hinda se trouve à un nœud du pouvoir exécutif qui n’est pas rien. Tous les dossiers passent par elle. Elle supervise les initiatives et les propositions du Cabinet du Président, du Secrétariat Général du Gouvernement et du Premier Ministre. Et même du protocole. Peu accède au Président sans passer par elle. Avec le temps, elle et le Président ne sont qu’une et même personne. Lors des déplacements du Président à l’intérieur du pays, les posters de la première dame sont plus nombreux que ceux du Chef de l’Etat.

Les avantages de cette situation stratégique sont nombreux. D’abord un parterre de courtisans. « Maman Hinda » devient le sobriquet qu’utilisent tous ceux dont les demandes sont en attente. Le sort faisant bien les choses, le décès de la mère du Président fait de Hinda la « Mère de la nation ». Il faut passer par elle pour avoir qui un poste, qui un bon de commande. « Maman Hinda » a sa propre clientèle et de nombreux obligés. Et cela à tous les niveaux de la hiérarchie de l’Etat : Le Premier Ministre, des ministres, des généraux, des secrétaires généraux des ministères et autres directeurs généraux et directeurs, sans oublier certains opérateurs économiques. Le réseau des obligés de la première dame est opérationnelle jusqu’aux démembrements de l’Etat et elle en tire tous les bénéfices. Hinda ne se refuse rien. A peine 10 ans d’un mariage, elle a déjà 20 villas à N’Djamena !!!

A Paris, elle a acheté un appartement de luxe dans un quartier chic, ce dont Deby ne s’est pas permis de le faire à ce jour.

Notre Hinda ne crache pas non plus sur les bijoux, les belles chaussures, les beaux habits, concurrençant certaines scandaleuses premières dames africaines.
L’intelligence malfaisante de Hinda ne s’est pas arrêtée aux avantages que lui procure le pouvoir de son mari. Elle détient une partie de ce pouvoir. Par ruse, elle a réussi à instaurer une véritable oligarchie en plaçant des membres de sa famille et ses obligés à des postes stratégiques et juteux. Un autre pan de son activité (les ragots, les intimidations, le démarchage) est assuré par sa maman et sa sœur, l’épouse d’un général respectable.

Au mariage de son petit frère, celui-ci a remis à certains des invités des billets de 500€ qu’ils ont distribués à profusion aux orchestres chantant leurs louanges. Ceux qui étaient venus avec des F CFA pour la circonstance sont repartis sans toucher à leur porte-monnaie.

Par marabouts interposés, Hinda a placé des PM, des ministres et autres hauts fonctionnaires. Non seulement elle est au devant de la scène politique, position que légitimerait son statut de femme intellectuelle du Président depuis qu’elle a publié un livre « la main sur le cœur », elle manœuvre tout depuis les coulisses du Palais Rose. Toujours plus de pouvoir, la Vice-présidente est dans les affaires, investissant dans les transports, les constructions, les entreprises d’import-export, etc. L’appétit venant en mangeant, qui peut parier qu’elle ne sera pas l’auteur d’un holding économique et financier avec des hommes écrans. Il n’y a rien d’impossible dans ce pays où tout est permis. Mais n’est-elle pas au sommet de la tour ? A bien voir, seule la sécurité échappe à la secrétaire particulière. Elle a nommé des chefs de gouvernement, des ministres et des ambassadeurs. C’est quand même le privilège régalien du Chef de l’Etat. Elle a réussi à désigner des membres du bureau de la nouvelle Assemblée Nationale. Elle a donc les prérogatives du MPS, parti au pouvoir. Hinda talonne Deby.

Ce qui étonne plus d’un observateur, c’est le silence ou la peur panique d’Idriss Deby Itno. Il n’a pas osé réguler les ambitions, les actions et les prétentions de Hinda. Lui qui ne partage jamais son pouvoir, semble admettre le kif-kif avec sa femme et même accepte sans broncher de déléguer sans contrôle son pouvoir avec « l’ogre ». Au Palais Rose, on raconte que lorsque le mari a un empêchement temporaire, c’est Hinda Trabelsi qui organise, dicte et décide. Personne n’arrive à sa cheville. Les gens qui quittent la présidence après le travail semblent revenir d’un cimetière. Pas le moindre sourire ! De là à penser qu’un pacte ontologique lie Deby à Hinda, il n’y a qu’un pas. D’aucuns disent que ce sont les marabouts, les auteurs de cette alliance. Séparer Deby et Hinda c’est une question de vie et de mort. Et même évoquer cette perspective fait trembler Deby de tous ses os. Il y a de quoi avoir peur. En effet, lorsque Hinda incarne à elle seule Leïla Trabelsi, Constancia Obiang, Grace Mugabe et Simone Gbagbo, la porte de l’enfer n’est pas loin. Et Idriss Deby y sera conduit pieds et mains liés. Idriss Deby Itno n’est que plus que l’ombre de lui-même : un tigre en papier.

Dernières infos: Hinda Trabelsi est à la recherche d’un Premier Ministre. Aux candidats, on vous conseille de faire recours aux féticheurs et marabouts utilisés par Hinda pour convaincre son bonhomme Deby.

 

BELOMGOTO Emmanuel (je n’ai pas de pays/Bienvenue)

 


NDLR : 
Cet article a été publié par Tchadactuel en juillet 2011. Au fil du temps, les faits cités dans l’article se sont révélés vrais et les conjectures se sont confirmées. Aujourd’hui, Mme Hinda Deby a tout en main au Tchad, d’une main de fer à l’intérieur du palais comme à l’extérieur, sur tout et sur chaque tchadien, à tel point que les tchadiens se demandent quelle sera la prochaine catastrophe qui va leur tomber sur la tête. Et comme en juillet 2011, un an après, Mme Hinda est à nouveau à la recherche d’un pion premier ministrable.

 

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